Une histoire de famille

On dit souvent qu'on ne choisit pas sa famille. C'est tellement vrai. La mienne parle souvent trop fort et pourtant ne dit que très rarement ces mots forts. Se moque souvent plus qu'elle ne félicite. Une histoire de pudeur, c'est également vrai. Je suis comme ça moi aussi.
Pourtant, il y a régulièrement ces petites heures suspendues, ces moments intenses et importants que rien ne sauraient gâcher. Ni même la pluie menaçante au-dessus de notre tête ou le stress consumant d'un heureux événement attendu depuis longtemps. Oh bien sur il y a eu des yeux levés au ciel, des enfants qui boudent un peu, des ironies entendues, mais le tout formant un joyeux et heureux bordel, une joyeuse et heureuse famille.
Si aucun dress code n'avait été imposé, chacun s'était fait beau; les hommes rasés de près, les femmes rouge aux joues et aux lèvres, et moi les larmes aux yeux. Il y a eu ces mots "acceptez-vous de devenir la marraine de R. de vous en occuper comme si c'était la votre". Il y a eu alors une émotion contenue, des pupilles humides et une immense fierté.
Clic-clac, on se serre pour tous rentrer dans le cadre de la photo avant de découvrir tout ce qui avait été préparé. Des fleurs, fraichement coupées, mélange de pivoines, mes préférées, de lys blancs, de lilas, un peu partout, déposées sur les tables, exposées à l'extérieur et même glissés dans les cheveux. Et puis ces rubans de toutes les couleurs, c'était la fête, c'était chouette.
Et ça a continué ainsi toute la journée se terminant par des cases de loto foot remplies pour rigoler, un jeu de fléchettes acheté en hâte. Tout le monde participe : "c'est pas grave si tu ne sais pas jouer. Ce n'est pas tellement compliqué. Lance comme si tu mettais une claque". (pour info, ça marche). (J'ai d'ailleurs décréter vouloir ajouter cette activité à toutes mes prochaines soirées).
On a enfilé un peu tout ce qui nous passait par la main pour nous réchauffer, seuls les yeux un peu plus maquillés et les cheveux bien peignés trahissaient la cérémonie plus officielle qui avait eu lieu plus tôt dans la journée.
Les timidités évaporées, le tutoiement instauré, des "c'est à mamie" lancés à cette grand-mère qui n'est pourtant pas la mamie de tout le monde, et un soleil qui finalement, ne nous a pas quitté. 
On ne choisit pas sa famille certes, mais parfois on se dit qu'on n'est peut-être pas si mal tombé. 

- Je porte une robe Sam & Lavi achetée à Los Angeles, des escarpins Miu Miu, un trench H&M, une pochette vintage -